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From maternity with love

J’aurai pu intituler ce post « celle qui n’aimait pas être enceinte » ou encore « celle qui avait hâte que ça se termine » et pourtant… et pourtant je suis certaine que cet état de transition si intime me manquera, un jour et que je repenserai avec nostalgie à ces petits coups donnés à travers mon ventre. Je n’ai apprécié aucune de mes grossesses, ni celle de Titouan qui a débuté il y a presque 5 ans, c’était pour moi la découverte de cette fatigue immense, des nausées, ponctuée dès le début par une annonce « on dirait bien que ce petit Loulou va être un petit gars » a moi qui vivait cette première écho aussi froidement que possible (en travaillant en génétique je refusais de m’attacher avant cela) et qui était persuadée de porter une petite fille féminine et féministe. J’ai du lutter pour me convaincre qu’un petit garçon serait une toute aussi belle aventure, cela m’a pris plusieurs mois avant d’arriver à me projeter, et la décision d’un prénom Titouan comme une réconciliation avec celui qui grandissait en moi. Je travaillais énormément, ne comptais pas les heures au labo, souvent plus de 50 par semaines et me disais que 2 enfants ce serait largement suffisant pour la carrière que je voulais mener. J’étais en forme et j’ai décalé de 3 semaines mon départ en congé maternité. 10 jours à marcher et à faire les vitres ont eu raison de la poche des eaux et après 20h de travail au CHU de Rouen sonnait l’heure de la rencontre tant attendue. Je ne sais s’il est un plus gros bouleversement dans une vie, dans la mienne en tout cas je ne crois pas qu’il y ait jamais eu plus grande transformation. Moi qui n’avait presque pas ressenti d’émotion lors des échographies, qui était persuadée que j’allais apprendre à aimer mon enfant au fil des mois… quel choc! J’ai pleuré comme jamais en le prenant sur moi persuadée dorénavant que rien ne compterais plus à mes yeux que ce petit être, l’amour viscérale d’une mère, de jeune femme qui réfléchissait sans doute bien trop je devenais maman louve. « Je te préviens, j’en veux au moins trois » ai-je alors dit dans la salle de naissance… les années, la fatigue, le temps pour soi, le temps pour nous sont passés mais pas cette idée de revivre ça et de multiplier l’amour que l’on avait à donner.

2020, 2 semaines après notre mariage, quatre après notre déménagement, me voilà de nouveaux enceinte. Une grossesse dont je ne garde presque aucun souvenir, à part celle d’une rage intense, une grossesse placée sous le signe des travaux, des soirées à détapisser, poncer, peindre, retapisser le salon au bêchage dans le jardin à quelques jours du terme, un énervement permanent, des envies de sucré comme jamais et une forme olympique mais sans réussir à aimer plus cet état… Mais cette fois-ci, je savais, je savais à quoi tout cela allait mener, à la 2e rencontre la plus magique de ma vie, et heureusement car malgré tous les « tu verras le 2e accouchement c’est toujours plus rapide » notre Leïla s’est faite désirer pendant plus de 22h de travail ! Une 2e rencontre aussi merveilleuse que la première, il fallait au moins ça pour tenter d’atténuer la douleur de la pire séparation, 4 jours sans mon grand, politique COVID où la joie d’accoucher au décours d’une pandémie. Le post-partum qui a suivi cette deuxième naissance a été un véritable rêve, avec Titouan à la maison, Kilan hyper présent, un soleil merveilleux et des vacances en Italie tous les 4… De quoi me faire oublier toutes les angoisses du premier congé maternité, avec un bébé qui ne fermait pas l’œil de la journée, seule de 6h30 à 20h en plein mois de janvier, totalement déboussolée…

3 enfants rapprochés, histoire de sortir des couches et des nuits sans sommeil rapidement, reprendre les grands voyages et vivre de nouvelles aventures à 5 c’était l’idée. J’imaginais déjà un 2e bébé d’été, ensoleillé, profiter des grandes vacances avec les 2 grands, pouvoir préparer un petit nid dans une maison fraichement étendue et complètement rénovée… Malgré mon amour d’une organisation bien carrée, la vie nous réserve parfois de jolies surprises et même si la nouvelle, tombée le jour du premier anniversaire de Leïla, nous a un peu sonnée c’est en espérant en profiter que j’ai abordé cette 3e maternité. Jamais 2 sans 3, encore une fois je n’ai pas réussi à aimer ça : du premier trimestre où la fatigue et les nausées m’ont complètement assommée à ce 3e trimestre absolument interminable où j’ai l’impression d’être la proie favorite de tous les virus de l’hiver, de ne plus savoir dans quoi faire rentrer ce ventre si énorme… Je m’active, je marche, les vitres de la maison sont toutes faites, j’ai même taillé les arbres du jardin, à la maison tout le monde attend fébrilement l’arrivée de la petite sœur dont il ne faut pas dire le prénom, les enfants ne dorment plus, je me réveille 3 fois par nuit avec l’impression d’un accouchement imminent, je veux qu’elle arrive, qu’elle sorte enfin et nous libère tous de cette attente interminable !!!! Il semblerait que ce 3e enfant ait pour mission de m’enseigner le lâcher prise, alors je vais me replonger dans les projets couture et attendre patiemment qu’elle veuille bien pointer le bout de son nez !

Alors pourquoi ces mots ici ? Ces photos intimes de mon corps transformé, j’aurais presque envie de dire défiguré par la maternité ? Je n’ai jamais été très forte pour tenir un journal, mais j’aime écrire et j’avais envie de poser des mots, mes mots sur tout ça avant de tourner, très probablement définitivement, la page de la maternité. J’avais envie de photographier ce ventre, ce corps qui ne m’a pas beaucoup appartenu ces dernières années, de garder un souvenir de ces trois maternités. Je me suis toujours sentie complexée, pas assez fine, pas assez dessinée et je ne suis pas parvenue à aimer plus mon corps au cours de ces maternités. Bien sûr il aura porté 3 enfants qui auront chamboulé toute ma vie et sont aujourd’hui les plus belles choses qui me seront arrivées, bien sûr je suis en admiration de ce que l’humain et les femmes sont capables de faire, mais je n’ai jamais été subjuguée par la beauté d’un ventre qui s’arrondissait et après 2 ans et 2 mois enceinte et 20 mois à allaiter sur les 5 dernières années, je rêve de reprendre possession de moi. Alors voilà, je pose ces mots ici pour conserver une trace de tout ça, de mon état d’esprit alors que cette étape de ma vie est bientôt finie et qui sait, peut-être que ce petit bilan donnera envie à la petite sœur de sortir maintenant ? Et finalement, je crois que je les aime bien ces photos…

Edwige

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