TRIBU

Celle qui avait presque 3 semaines

10 jours de toi, déjà, mon Arwen, ma petite étoile du soir. 10 jours à te regarder ou plutôt te contempler, entre tes siestes empreintes de sérénité et ces instants de crispation où tu deviens un doux alliage entre Quasimodo et Maitre Yoda. Quelques mots que je pose là pour me souvenir de ces premiers moments de toi et probablement ces derniers moments de devenir maman, quelques mots pour ne rien oublier de ces grands bouleversements de la vie d’une femme, de la vie d’une famille. 

Après 12h de travail tu es arrivée, un samedi comme ton frère et ta sœur, puis 48h à la maternité entre nos moments rien qu’à nous 2, ceux avec papa et forcément la rencontre avec les 2 « grands » incapables de rester tranquilles bien longtemps dans la chambre d’hôpital mais tellement fiers d’apporter goûter et cadeaux et de te rencontrer toi leur toute petite sœur. Puis le retour à la maison, avec l’aide de Papy et Mamie d’abord et très vite tout seuls comme des grands nous, parents, avons survécus à notre première soirée à 5 puis à notre premier week-end avec 3 enfants si petits… 

10 jours de toi et sans doute 217h dans mes bras, pour une fois j’accepte le repos, j’accepte d’être seulement assise sur mon canapé toute la journée à te servir de berceau, pour une fois je suis comblée de simplement avoir à te regarder sans me soucier du reste et ça ce n’est pas rien! Tu dors beaucoup et tu dors bien (enfin par sessions de 3h), tu n’es pas stressée ou douloureuse et je pense que nos bras, notre proximité y sont pour quelque chose. Alors bien sûr, c’est un peu 2 salles 2 ambiances avec d’un côté le monde du silence d’un bébé qui dort, tête et essaie de prononcer ses premiers arrheu et de l’autre les 2 plus grands qui chahutent, rient, chantent, se disputent, crient et s’amusent la plupart du temps à juste faire du bruit. De quoi être complètement schizo. L’équilibre n’est pas encore trouvé, toi si petite, tu serais bien incapable pour l’instant de suivre le rythme des plus grands. Alors je bénis ce congé paternité rallongé auquel nous avons droit pour la première fois (Leïla était née 2 mois trop tôt!) qui nous permet d’aller à ton rythme et de te garder bien au chaud encore quelques semaines, notre bébé de l’hiver, avant que l’on soit propulsées toutes deux, après les vacances dans le rythme endiablé des allers retours pour l’école, les rdv médicaux qui nous feront sortir de notre doux cocon. 

Et puis 15 jours après ton arrivée, apparaissent les coliques, les reflux et les pleurs difficiles à décoder et alors les émotions commencent doucement à se contredire… je ne suis sûrement pas faite pour ce mois d’or où l’on nous recommande 40 jours d’alitement en tête à tête avec son bébé, j’ai trop besoin de bouger, de sortir, de m’activer de me sentir utile… Après 15 jours de canapé, je commence doucement à tourner en rond, sans pour autant avoir envie de te lâcher, je suis tiraillée entre le besoin d’être tout le temps près de toi et le besoin de me retrouver un peu et de vivre quelques instants rien que pour moi dans une journée. Quel tourbillon d’émotions… Tiraillée aussi entre la fatigue qui se fait doucement sentir, les nuits hachées qui s’enchaînent avec des sessions de sommeil de 2h30 max laissent forcément leurs traces, les moments où l’on se dit qu’il faudra bien tenir le coup encore 5 ou 6 mois si l’on est chanceux avant que tu fasses tes nuits ou plutôt les nôtres, ces moments terribles où la dette de sommeil nous fait broyer du noir et surtout de mon côté me fait tellement paniquer… ces moments terribles aussi où je te regarde et je me dis que c’est la dernière fois que je tiens un de nos bébés aussi petit dans mes bras… et oui pas de petit quatrième au programme pour nous, 3 enfants c’est ce que nous avons toujours voulu et nous avons eu la chance de les avoir sans nous poser de question, sans aucune difficulté… mais à 34 ans est ce vraiment possible de faire le deuil de la maternité? J’essaie de ne pas voir ces moments comme les derniers et pourtant impossible de ne pas y penser et d’empêcher mon cœur se serrer… J’ai chaque fois détesté être enceinte et pourtant je me sens déjà nostalgique… moi qui m’imaginais d’ici quelques mois brader sur vinted toutes les petites affaires de bébé, aujourd’hui j’imagine ça comme une épreuve insurmontable ! 

De l’autre côté, on ne peut pas nier que l’arrivée d’un tout petit bébé chamboule complètement l’équilibre familial. L’avantage d’avoir 3 enfants tout petits c’est qu’à l’arrivée du premier 70% de notre temps libre est soudain consacré à cette nouvelle petite personne, à l’arrivée du 2e c’est 90% de notre temps qui est tourné vers les enfants, finalement avec un 3e c’est 98% du temps consacré aux enfants mais la marche la plus haute avait déjà été franchie avec les précédents ! 

Et pourtant, même si le « plus dur » semble avoir déjà été fait, je ne peux m’empêcher de paniquer à chaque nouvelle étape… lorsque l’on devient parent on se demande ce que l’on pouvait bien faire de tout ce temps que l’on avait pour nous avant, puis quand on passe de 1 à 2 enfants on se dit « comment on a pu se laisser déborder par un seul enfant ? » et là avec 3, moi qui il y a quelques semaines (je vous en parlais sur Instagram) paniquait à l’idée de gérer seule mes 2 grands, je trouve cela désormais plus facile de m’occuper de Titouan et Leïla seulement. Je regrette même de ne pas avoir assez de temps à leur consacrer, un comble quand on sait que je suis à la maison non stop! Cela ne m’empêche pas de m’angoisser à l’idée de me retrouver seule avec les 3, je ne sais pas pourquoi chaque nouvelle étape me fait autant stresser: l’idée de ne pas m’en sortir, de perdre pied, de me laisser déborder et que cela se termine avec moi en train de crier… pourtant 90% du temps cela se passe très bien et j’arrive à faire plein de choses très chouette avec eux mais c’est fou la pression que l’on se met et le sentiment d’échec que l’on peut avoir lorsque l’on ne réussit pas à être celle que l’on espérait.

Et puis il y a le corps, celui qu’on aimerait voir se mouvoir comme avant, comme avant ces 9 mois. Parce que même si je n’adorais pas ce ventre énorme rempli de toi, j’aime encore moins ce ventre mou et vide que je malmène pour le faire rentrer dans mes jeans en 36. -7kg au compteur depuis que tu es née et autant à perdre pour atteindre le poids que j’espère avant l’été afin non pas de pouvoir m’exhiber en bikini sur les plages de Calvi (quoique j’ai des magnifiques tissus pour maillot de bain dans mon stock) mais plutôt de pouvoir profiter des glaces sans culpabiliser ! La aussi il va falloir que je travaille sur moi et mon impatience à vouloir tout maîtriser, comme dit l’adage 9 mois pour faire 9 mois pour défaire mais après plus de 2 ans de maternité et déjà 20 mois d’allaitement sur ces 5 dernières années il me tarde de reprendre pleinement possession de mon corps. Malgré le chemin parcouru sur l’image et le corps de la femme ces dernières années, je reste une ado des années 2000, pour qui la minceur reste un critère de beauté majeur et cela sur moi bien sûr et pas sur les autres.

A l’aube de 3 semaines avec toi, voilà les émotions qui me submergent, dans un article un peu brouillon certes, une prose aussi décousue que le fil de mes pensées mais que je voulais jeter sur le papier ou le clavier pour ne rien oublier de ces moments si forts et pourtant si fugaces. L’avantage du 3e enfant c’est que l’on sait désormais que tout passe, les nuits sans sommeil bien sûr, mais aussi ces moments uniques de la vie avec un tout petit alors je crois que pour une fois, au lieu de trop cogiter je vais essayer de juste en profiter.

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